« Le chercheur du mois » est une tribune que le Réseau Africain d’Analyse du Discours (R2AD) met à la disposition de ses membres. Cette rubrique fait la promotion des acteurs, chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants menant des recherches dans le domaine de l’Analyse du Discours en/sur l’Afrique. « LE CHERCHEUR DU MOIS » est la plateforme de valorisation et de promotion de leurs recherches, de leurs productions et de leurs parcours.
Pour ce numéro qui ouvre la série des promus à la précédente session du concours du Cames, nous recevons M. ADOU Amadou Ouattara, Maître de Conférences, spécialiste d’Analyse du Discours à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, en Côte d’Ivoire.

 

Entretien.

R2AD’Com : Bonjour Dr, le R2AD est très honoré de vous recevoir à cette tribune « le chercheur du mois » après votre inscription sur la liste d’Aptitude à la Maîtrise de Conférences du Cames lors de sa dernière session. Félicitations ! Vos sentiments et impressions…Que représente ce nouveau grade pour vous ?

ADOU Amadou Ouattara : Bonjour R2AD’Com ! Je suis également heureux et honoré d’être reçu par vous à cette tribune consacrée à la promotion des chercheurs membres de notre réseau. Mon inscription sur la Liste d’Aptitude à la Maîtrise de conférences du CAMES suscite en moi, dans un premier temps, un sentiment de reconnaissance à Dieu et à tous les hommes qu’il a mis sur mon chemin et qui m’ont aidé à atteindre cette étape. Je me dois de dire gloire à Dieu et merci à tous ces hommes. C’est également un sentiment de joie et de fierté de voir des sacrifices et des efforts récompensés. Ce nouveau grade représente pour moi le début d’une nouvelle aventure scientifique et universitaire, mais surtout un challenge immense qui consiste à apporter quelque chose (de nouveau peut-être) à la Science.

R2AD’Com : présentez-vous à nos membres et sympathisants s’il vous plaît. Votre biographie en quelques lignes ?

ADOU Amadou Ouattara : Je suis ADOU Amadou Ouattara, Enseignant-chercheur au Département de Lettres modernes de l’UFH-B (UFR Langues, Littératures et Civilisations) depuis 2013. J’ai soutenu, en 2012, une Thèse de Doctorat Unique en Argumentation politique, sous la direction du Pr Hilaire Djédjé BOHUI, à qui je rends un hommage très mérité. Depuis lors, mes recherches s’articulent autour des problématiques liées au discours politique, aux procédés discursifs et stratégies argumentatives avec comme corpus, les productions verbales des acteurs politiques de mon pays la Côte d’Ivoire.

R2AD’Com : Décrivez-nous votre parcours ? Et dîtes-nous quels sont vos nouveaux challenges dans la recherche et aussi dans votre participation que l’on sait active au sein du Réseau Africain d’Analyse du Discours (R2AD).

ADOU Amadou Ouattara : Après mon Baccalauréat Option Lettres et Philosophie, j’ai fait des études de Lettres. J’ai ensuite soutenu un mémoire de Maitrise en Linguistique énonciative. Pour mes recherches doctorales, j’ai travaillé essentiellement sur les stratégies discursives et argumentatives dans le discours politique ivoirien.
Depuis quelques années, j’essaie de (re)définir le discours politiques à partir de certains facteurs endogènes, propres à l’Afrique et/ou à mon pays. Je pose par exemple qu’à partir de la construction de certaines identités et d’une certaine légitimité, à travers leurs chansons, certains chanteurs de Zouglou (musique urbaine et populaire de la Côte d’Ivoire) se positionnent comme des acteurs politiques. De même, la configuration, le contexte et l’espace de production/diffusion de certains discours (qui ne répondent pas aux critères classiques de politicité) font de certaines productions, des discours politiques. Cela m’amène à m’intéresser à l’espace public de mon pays, qui de mon point de vue, ne fonctionne pas nécessairement comme les espaces publics des autres sociétés. Je m’intéresse particulièrement, de ce fait à la sphère politique en tant que compartiment de cet espace public.
Pour ma participation au sein du R2AD, active comme vous le dites, je crois que je participe modestement à la réalisation d’un rêve commun (partagé avec des paires) ; celui d’avoir un espace scientifique où se déploient des réflexions sur des problématiques africaines et/ou à partir d’épistémologies africaines. C’est dans cet ordre que j’ai initié LES CAFÉS DU R2AD qui font leur petit bonhomme de chemin, et participé à l’organisation des différentes journées d’études du Réseau ou colloques où le Réseau était présent comme partenaire scientifique. J’ai eu la chance d’être et de contribuer à presque toutes les étapes de sa jeune vie. Il reste encore du chemin, plus long et plus dense en termes de défis, mais je crois la famille que constituent le Comité de gestion et les autres organes, trouvera toujours l’énergie pour faire grandir ce réseau. Je crois fermement qu’il doit pouvoir répondre à certaines problématiques africaines et proposer des approches africaines d’autres questions « universelles ». Je ne ressasse pas le « vieux » débat sur le caractère universel de la Science.

R2AD’Com : Quel regard portez-vous sur la recherche en Afrique de façon générale et plus spécifiquement sur le domaine de l’Analyse du Discours ?

ADOU Amadou Ouattara : Je crois que la recherche en Afrique connait un essor depuis quelques années et je m’en réjouis naturellement. Seulement, j’ai le sentiment que nos recherches ne répondent pas suffisamment ou toujours aux besoins des populations africaines. Il y a donc un besoin de réorientation de la recherche scientifique, surtout dans le domaine des Sciences humaines et sociales. Certes, le financement de la recherche n’est pas une priorité pour nombre de nos États, mais beaucoup de recherches ne sont pas très orientées vers le développement. La question doit donc être adressée objectivement, sans les préjugés politiques.
Pour ce qui est de l’Analyse du Discours spécifiquement, je salue tous les résultats considérables qui ont été produits par les pionniers depuis les années 70-80. Une autre génération s’y intéresse et j’applaudis des deux mains cet état de fait. La naissance du R2AD vient donc à point nommé. Je peux alors insister sur le fait que des problématiques ou concepts comme les avertisseurs communicationnels, le discours politique, etc. qui ne fonctionnent pas pareillement sous tous les cieux, soient requestionnées sans complexe. L’Afrique doit cesser d’être un corpus.

R2AD’Com : Avant de nous dire votre dernier, pourrait-on savoir les lectures qui retiennent votre intérêt en ce moment.

ADOU Amadou Ouattara : Je lis actuellement Nations nègres et culture de Cheick Anta Diop, L’inquiétude du discours de Michel Pêcheux, et quelques essais politiques ou mémoires produits par des acteurs politiques ivoiriens de la Côte d’Ivoire ou des politologues qui s’intéressent à la vie politique ivoirienne.

R2AD’Com : Votre mot de fin ?


ADOU Amadou Ouattara : Je vous remercie de m’avoir offert votre tribune. Merci pour la promotion des chercheurs africains que vous faites. Je souhaite longue vie au R2AD, à sa cellule Communication et à toutes ses autres structures.
Merci Docteur-MC


CELCOM R2AD