Pr Fallou Mbow

«Le chercheur du mois » est une tribune du Réseau africain d’analyse du discours (R2AD), qui fait la promotion des acteurs, des enseignants et enseignants-chercheurs du domaine de l’analyse du discours en Afrique. Cette tribune se veut le creuset de la valorisation de la recherche, des productions et des parcours exceptionnels. Pour cette tribune, d’action promotionnelle des compétences du R2AD, le Professeur Fallou MBOW est notre « chercheur du mois ». 


Entretien.


1- Bonjour Professeur, présentez-vous s’il vous plaît. Votre biographie en quelques lignes ?


Bonjour, je suis M. Fallou MBOW, Professeur Titulaire de Sciences du Langage

(Analyse du discours) à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar/Sénégal, et Inspecteur Général de l’Education et de la Formation (IGEF). Je suis titulaire d’une thèse de 3ème cycle de l’Université Cheikh Anta Diop/Dakar et d’une thèse d’Etat de l’Université Paris-Est (Ex. Paris 12) /France en cotutelle avec l’UCAD, en Sciences du langage (Analyse du Discours). Je suis actuellement Chef du département F2B (Administration et Gestion de l’Education de la Formation des inspecteurs et des conseillers pédagogiques) de la FASTEF (Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation, Ex. ENS). Je suis Responsable de la Formation Doctorale Education et Formation de l’Ecole Doctorale ETHOS (Etude de l’Homme et de la Société). En sus de l’exercice de ma fonction de formateur des corps de contrôle et d’encadrement de l’éducation, je dispense un cours magistral d’Analyse du discours des niveaux Master 1 et Master 2 au département de Linguistique et sciences du Langage de la FLSH (Faculté des Lettres et Sciences Humaines). Mes travaux portent sur l’analyse des discours (littéraire, didactique, politique, etc.) et des interactions verbales, et s’appuient sur les théories de l’énonciation linguistique et les courants pragmatiques, suivant quatre principaux axes :


Axe 1 : Analyse du discours et étude des textes littéraires francophones ;


Axe 2 : Analyse du discours politique africain ;


Axe 3 : Interactions verbales et discours (politique, institutionnel, etc.) ;


Axe 4 : Analyse du discours et didactique des langues.


2- Dans le cadre de sa tribune d’actions promotionnelles des valeurs et compétences du R2AD, vous avez été désigné « chercheur du mois », quel est votre sentiment ?


A travers ses activités comme cette tribune, le R2AD entérine son existence dans le champ de la recherche, de la circulation et de la promotion des savoirs en matière d’analyse des discours dans le contexte africain. L’Analyse du discours (AD) dans notre continent, en tant que discipline, est tout simplement entrain de délimiter son propre espace discursif au sein du vaste champ mondial à travers lequel elle se déploie. Et dans le même temps, cela conforte la place qu’occupe désormais l’Analyse du discours dans les facultés de lettres et sciences humaines, qui ont fini de prendre acte de son existence institutionnelle. Par ailleurs, au lieu de se contenter d’analyser d’autres corpus discursifs comme la littérature française ou d’autres discours produits ailleurs, le R2AD a été conçu par nous, les membres fondateurs (Prof, Danielle Koffi LEZOU, Prof, Prof, Bohui HILAIRE, Prof Kalidou SY et moi-même, Prof. Fallou MBOW) pour nous occuper, prioritairement, des productions langagières spécifiques à l’Afrique. Ainsi, ce que l’on voit poindre chez les chercheurs africains, c’est la recherche légitime, non seulement d’une affirmation de leur identité scientifique, mais également d’une autonomie relative en matière d’Analyse du discours. Il reste entendu qu’ils sont conscients de l’unicité de l’objet discours par le truchement de l’interdiscursivité, car ne pouvant évidemment pas se soustraire de « l’ordre du discours » (Foucault) de dimension mondiale. C’est là une ambition que nous avons eue dès le début de l’enfantement du R2AD. Le rêve de ces chercheurs est de jouer leur partition scientifique en se forgeant un positionnement tranché pour une Analyse du discours « à l’africaine » (ADA). Cela est devenu une réalité. Et bien entendu, je m’attèle à la réalisation de cette ambition scientifique en vue de réaliser l’avènement de cette ADA. J’ai donc un sentiment de fierté et de bonheur en voyant le R2AD se concrétiser de fort belle manière, en menant des activités qui le font exister et rayonner. Cela me procure une grande satisfaction, en tant que membre fondateur. Et tout à la fois, je suis honoré d’avoir été choisi comme chercheur du mois.


3- Comment êtes-vous arrivé à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique ?


Je suis un prototype de l’enseignant qui a traversé tout le système éducatif du Sénégal, tant sur le plan académique que sur le plan professionnel. Ce faisant, j’ai exercé tour à tour toutes les fonctions professionnelles, qui existent chez nous jusqu’à l’université : les fonctions d’instituteur, de professeur de l’enseignement moyen secondaire, d’inspecteur de l’éducation et de la formation (préscolaire-élémentaire) et finalement celles d’enseignant-chercheur avec les grades d’assistant à professeur titulaire des universités (CAMES). Sur le plan académique, mon cursus va du baccalauréat à la thèse d’Etat. Mon recrutement comme assistant stagiaire est intervenu à l’université Cheikh Anta DIOP en 2000, alors même que je n’étais titulaire que de ma maîtrise de Lettres modernes. C’est en 2004 qu’on m’a définitivement recruté, quand j’ai obtenu ma thèse de 3ème cycle. Si j’ai pu allier le maintien de mon statut professionnel dans le métier d’instituteur, et mes études universitaires, c’est grâce à mon admission à l’Ecole Normale Supérieure comme Normalien Instituteur (de 1990 à 1998). Ce cursus m’avait permis de m’inscrire en DUEL1 et de continuer jusqu’à la maîtrise de lettres modernes, sous la tutelle administrative de l’ENS. Cette formation a débouché sur celle destinée à l’obtention du Certificat d’Aptitude à l’Enseignement Moyen Secondaire (CAES), puis à celle de l’Inspectorat de l’Education et de la Formation. L’appétit venant en mangeant, mon recrutement au niveau de l’UCAD, avec le seul niveau de la maitrise, m’a poussé à décider résolument de poursuivre mes recherches scientifiques en produisant, coup sur coup, articles scientifiques et thèse d’Etat entre 2001 et 2010, jusqu’à mon inscription à la LAFMC-CAMES (Linguistique du discours) en 2012 puis à la LAFPT-CAMES en 2020 dans la même spécialité.


4- Comment avez-vous « rencontré » l’AD ?


Déjà en licence (1993), j’ai fait une spécialisation en Linguistique française avant de poursuivre des études approfondies dans le domaine des théories pragmatiques et de l’énonciation (DEA en 2000 et thèse du 3ème cycle en 2004). Mes travaux ainsi décrits préfiguraient, d’ores et déjà, les prémisses de mes futures recherches inscrites, de façon définitive, dans les épistémologies, méthodes et démarches de l’Analyse du discours. En effet, mon Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) a porté sur l’étude comparée de la pragmatique linguistique et de la pragmatique non linguistique, tandis que ma thèse de 3ème cycle abordait l’analyse de l’énonciation performative à visée subversive dans le roman négro-africain d’après les indépendances. A travers ces recherches liminaires, j’ai pu installer les requis théoriques, base de l’Analyse du discours. Ainsi, ces travaux caractéristiques de mon cursif académique inscrivaient déjà nettement ma vocation d’enseignant-chercheur dans les problématiques et les présupposés scientifiques de l’Analyse du discours. De plus, il faut signaler que cette thèse et tous mes travaux ultérieurs, jusque-là, ont été encadrés par de grands spécialistes des Sciences du langage, le Prof. Moussa Daff, grand linguiste de l’UCAD, alors même que ma thèse d’État préparée en cotutelle a été encadrée par l’éminent professeur M. Dominique Maingueneau. Au demeurant, mes derniers travaux et l’encadrement de Maingueneau ont été possibles grâce à une bourse doctorale de trois ans octroyée par l’Agence Universitaire de la Francophonie, dont j’ai avantageusement pu bénéficier en tant qu’enseignant chercheur en reprise d’études. C’est de cette façon que, de proche en proche, je suis devenu spécialiste de l’Analyse du discours, ayant été largement inspiré par les théories de l’énonciation et les courants pragmatiques, sous la direction éclairée de ces professeurs cités supra. Pendant tout ce temps, l’ancrage institutionnel de l’Analyse du discours n’était pas encore réalisé au Sénégal, même si la recherche dans ce domaine avait déjà commencé comme par anticipation.


5- Quel regard portez-vous sur la recherche en Afrique de façon générale et plus spécifiquement sur le domaine de l’Analyse du Discours ?


A mon avis en Afrique, la recherche se développe bien, mais la plupart du temps, elle bute sur l’obstacle du financement très difficile à trouver, sur la non application de beaucoup de résultats scientifiques, et surtout, sur le recours à des outils et démarches voire des épistémologies conçues par des chercheurs occidentaux. Par conséquent, il y a un problème d’adaptation aux corpus discursifs africains. De plus, les conjonctures économiques difficiles que vivent les Africains font qu’en général la recherche est considérée juste, le plus souvent, comme un moyen de promotion sociale et professionnelle. Quant à la recherche en Analyse du discours, elle n’est en Afrique qu’à ses balbutiements, étant donné que les premiers travaux dignes de ce nom dans ce domaine sont plus ou moins récents. De surcroit, les vrais spécialistes d’Analyse du discours sont très peu nombreux, et ont presque tous été formés en Europe. En particulier, l’analyse du discours est bien prometteuse en Afrique avec la création de structures de promotion et de développement de la discipline tel que le R2AD. Toutefois, la littérature africaine se développant désormais dans un champ littéraire plus ou moins autonome, les discours politiques se déployant dans des démocraties encore faibles où l’idéologie occupe une place centrale, et les divers discours sociaux étant foncièrement déterminés par la culture africaine, je pense que les analystes du discours africains doivent s’atteler à concevoir une Analyse du discours typiquement africaine. Ils exploreraient ces corpus typiquement africains. Cette africanisation n’est vraiment possible qu’en recourant à des corpus d’origine africaine dont les rites traditionnels par exemple, qui sont très riches sur le plan discursif. Aussi l’objectif de l’utilité publique attachée à toute recherche scientifique devrait-il pousser à mieux investir les champs politiques et religieux marqués par de nombreux soubresauts (soulèvements populaires, contestations de toutes sortes, coups d’Etat, « djihadisme », etc.,) pour expliquer les problèmes sociétaux, et leur trouver des solutions. Concernant les outils et méthodes de l’Analyse du discours appris ailleurs, et déjà en usage en Afrique, il s’agira dans cette dynamique de les enrichir. De mon point de vue, le renouvellement paradigmatique ou épistémologique ne peut être synonyme de disqualification de l’existant. Il doit se laisser concevoir comme un renforcement par la création de nouveaux concepts, à l’instar de toutes les recherches. En effet, il ne servirait à rien de faire fi de ces outils et méthodes de l’Analyse du discours. En effet, l’Analyse du discours n’est qu’une méthodologie générale et critique pour construire le sens et théoriser le fonctionnement des discours, c’est-à-dire de tous les discours, européens, africains ou autres. Elle est par conséquent applicable à tous les corpus fussent-ils africains, et ceux-ci aussi spécifiques au continent qu’ils soient.


6- L’Analyse du Discours dans votre pays ? Quelles pratiques, quelles réalités ?


Dans mon pays, l’Analyse du discours est devenue une réalité, nos facultés ayant déjà pris acte de son existence depuis 2011, date de la création, au Sénégal, du premier département de linguistique et sciences du langage. La discipline est, depuis lors, enseignée selon deux composantes : l’analyse des discours politiques, littéraires, etc., et l’Analyse conversationnelle. Des théories comme l’énonciation et la pragmatique sont également enseignées. L’encrage institutionnel de l’Analyse du discours est ainsi admis par les autorités académiques. Et mieux, depuis 2021, les appels à candidatures pour le recrutement d’enseignant-chercheurs indiquent clairement et expressément le profil « spécialiste de l’Analyse du discours », ce qui n’était pas le cas auparavant. C’est ce qui s’est passé aussi bien pour le département de Linguistique et Sciences du langage que pour le département de Lettres modernes. Les recherches qui sont menées portement généralement sur le discours politique, le discours littéraire, et les interactions verbales (didactiques, dans la justice, dans les rites traditionnels, etc.). Elles sont souvent le fait de quelques enseignant-chercheurs et de beaucoup d’étudiants qui optent massivement pour l’Analyse du discours au département de Linguistique et Sciences. Et on constate qu’à l’UCAD, les effectifs sont beaucoup plus importants pour l’option Analyse du discours qu’ailleurs.


7- Revenons sur votre parcours, quel est votre regard à ce jour, sur tout ce chemin parcouru ?


Mon parcours ? C’est un long parcours atypique et très formateur en raison de la somme d’expériences diverses qu’il comporte. C’est à l’image de l’Analyse du discours « à la française » (ADF), à laquelle j’ai été formé, qui est fortement interdisciplinaire, tout en gardant jalousement sa filiation à la rhétorique d’Aristote et son soubassement linguistique voire pragmatique. Je pense qu’on a, là, un exemple de persévérance que je me permets d’offrir comme modèle aux jeunes étudiants. Mais également, c’est le résultat d’une vision clairvoyante sous la houlette de mes professeurs, car en 2000, on ne se préoccupait que très peu de ces questions des théories énonciatives et pragmatiques, alors même qu’elles étaient au cœur de mes travaux déjà à cette époque. En effet, en raison de son caractère prospectif et innovant, et son recours à des outils linguistiques puissants pouvant permettre d’atteindre des résultats inédits dans le domaine des productions langagières, l’Analyse du discours constitue une discipline stimulante pour le chercheur.


8- A votre avis, quel est la place et le rôle du chercheur africain aujourd’hui dans le monde ?


Il faut le reconnaitre, le chercheur africain en Analyse du discours appartient de fait au vaste champ discursif de l’Analyse du discours au niveau mondial. Son activité scientifique se définit d’abord par rapport à ce champ dans lequel il doit se positionner en bonne place. Il lui appartient de forger sa propre identité avec des activités scientifiques d’envergure pour occuper de plus une place centrale dans ce dit champ discursif. Pour le moment, il faut le reconnaitre, nous en sommes à la périphérie, et embarqués dans une concurrence sans merci, qui est le propre des champs discursifs. Ce ne sera certes pas facile en raison de cette concurrence inhérente à tout espace de discours, mais c’est dans l’ordre du possible. Le chercheur africain à les moyens scientifiques de quitter cette place plus ou moins marginale où elle semble engluée depuis longtemps.


9- Que nous diriez-vous, si vous deviez résumer les résultats de vos travaux et leur utilité, leur impact sur la société africaine ?


Comme retombées de mes recherches, il y a au centre l’idée que le savoir n’a pas une fin en soi ; les recherches doivent avoir une utilité avérée sur le plan social. En effet, l’université comme lieu de production par excellence de tous les savoirs est à l’avant-garde de toutes les sciences à usage social. En ce sens, certaines de mes recherches orientées sur l’étude des interactions verbales et le bi/multilinguisme permettront aux acteurs et décideurs nationaux de se baser sur une expertise scientifique fournie par l’université. Ainsi, la politique linguistique ne sera plus le fruit d’une gymnastique intellectuelle mais l’application de résultats issus de travaux universitaires de haut niveau, au moment où les pays africains cherchent à introduire leurs langues nationales à l’école.


Les corpus sociaux et littéraires font essentiellement l’objet de mes recherches. Il s’agit des discours des acteurs politiques pour permettre d’apporter un éclairage rendant facile leur compréhension par le grand public. En effet, nos étudiants ainsi que les acteurs sociaux se forment à travers les résultats de la recherche. Certains de nos étudiants sont devenus des spécialistes du discours politique et sont souvent invités dans la presse pour décortiquer les discours.


Quant aux résultats des recherches axées sur le discours littéraire, il y a un renouvellement remarquable sinon un enrichissement de l’étude des textes, mais aussi une diversification chère à l’Analyse du discours. Ainsi, il n’y a plus que les textes littéraires qui sont étudiés, les textes sociaux et tous les types d’interaction verbale sont candidats à l’Analyse du discours, au sein de nos facultés de Lettres et sciences humaines. Or, cela était impensable avant l’institutionnalisation de l’Analyse du discours.


En somme, notre ambition à travers nos enseignements et nos activités scientifiques est de faire jouer à l’Analyse du discours son véritable rôle : prendre en compte les préoccupations sociales et les recherches actuelles et permettre de décrypter la société en explorant l’ensemble des discours qui y circulent et qui l’expriment. La réalisation d’un tel objectif passe par un questionnement centré sur la visée de ces discours, leur mode de circulation et de diffusion, leur impact sur les citoyens. Cela permettrait de faciliter la compréhension du discours comme constructeur de la vie en société, car le langage à un pouvoir constructiviste. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra ensuite agir sur les individus pour modifier leur comportement dans le sens socialement souhaitable.


10- Quelles sont vos lectures du moment ? Avez-vous un coup de cœur à partager avec nous ?


Actuellement, comme le disant le Président poète Léopold Sedar SENGHOR, « Les lamantins vont boire à la source ». Je fais exactement comme eux, en rebroussant chemin pour aller boire à la source de l’Analyse du discours et interroger les problématiques classiques, chez les pères fondateurs, au sein de la sphère européenne. C’est pour mieux inventer le présent discursif de l’Afrique, cette autonomie relative à laquelle le chercheur africain aspire tant légitimement. Ces sources sont entre autres Michel Foucault, Lacan et Althusser. Une telle démarche se justifie par le fait qu’au fil des années, s’est constitué un nouveau contexte scientifique où le discours est devenu un lieu d’observation de bon nombre de disciplines avec la contribution de la sociolinguistique et de nouveaux cadres théoriques comme les épistémologies féministes, la sémiotique, l’interactionnisme, etc. Cela se traduit également par un nouvel espace politique qui engendre des conflits liés au sexe, politiques, identitaires, etc. Or ce nouveau contexte fait revenir des épistémologies classiques que sont, entre autres, le statut social du politique, l’idéologie dans la société, le sujet en tant qu’acteur engagé dans des conjonctures sociétales, le positionnement et l’engagement du chercheur dans le grand champ de la recherche scientifique. C’est tout le sens de mon coup de cœur pour ces anciens. Et de toute façon, l’avenir découle du passé.


Merci Professeur


Cellule Communication R2AD